La tristesse de Cecilio

Traduit par Bernard Tornare Cecilio se prépare une tasse de café tout en faisant chauffer deux tamales de haricots au micro-ondes. Dans le sac à dos qu’il porte pour aller travailler, il sort un petit pot de vaseline et s’en enduit le bout des doigts, qui sont fendus et saignent à force de couper des cerises toute la journée au travail. Au supermarché mexicain près de chez lui, il achète de la pommade contre les maux de dos, pour six dollars le pot, qui pèse quinze livres lorsqu’il est plein.  Dans les supermarchés, les cerises coûtent presque dix dollars la livre.…

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Le sillon et le salaire

Traduit par Bernard Tornare Rosa essaie d’ajuster le sac en nylon rempli d’oranges qu’elle porte sur le dos. Elle a du mal à marcher parce qu’il est plein et pèse cinquante livres et avec sa petite taille, le sac couvre la moitié de son corps. Elle fait le même travail depuis 16 ans, depuis qu’elle est arrivée en Californie en provenance de Xicotepec, Puebla, au Mexique. Elle parle à peine l’espagnol et seulement quelques mots d’anglais. Rosa fait partie du peuple Otomí et parle l’otomí de la sierra, l’une des neuf variantes linguistiques de l’Oto-Manguean, ce qui rend la communication encore…

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L’ombre du bâton de roucou

Traduit par Bernard Tornare À l’âge de sept ans, Cándido a émigré dans la capitale avec cinq autres cousins. Un oncle les a emmenés avec lui pour qu’ils puissent commencer à travailler et à contribuer aux dépenses du ménage ; tôt le matin, ils l’aident en vendant du jus d’orange, de l’atole ainsi que du pain et des haricots, qu’il vend près de la passerelle de l’avenue Bolívar ; Pendant la journée, ils travaillent dans une station de lavage de voitures et le soir, ils l’aident à vendre du maïs cuit et des güisquiles qu’ils vendent dans des paniers près de…

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L’écho du chant des coqs 

Traduit par Bernard Tornare Elle prend son fils Yeyo, l’enveloppe dans le châle et le met sur son dos. Sur la table, elle pose deux vêtements de rechange, son peigne, le talc de l’enfant, un pot de crème pour le visage, une paire de chaussures aux semelles cassées – qu’elle pense pouvoir faire réparer à son arrivée -, une enveloppe avec des photos et des morceaux de T-shirts qu’elle a transformés en couches. Sur une couverture, elle dépose un sac contenant une poignée de sel, des pommes de terre grillées le matin et le dernier morceau de fromage qu’il lui reste.…

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La gorgée du nouveau jour

Traduit par Bernard Tornare Justina nettoie des chambres d’hôtel, vingt-deux par jour, parfois vingt-cinq en fonction de l’absence d’une collègue. Son service commence à cinq heures du matin et se termine à sept heures du soir, soit quatorze heures au total et ceci du lundi au vendredi. Le samedi et le dimanche, elle loue un espace d’un mètre carré dans un supermarché mexicain pour vingt-cinq dollars par jour, où elle vend des couvertures qu’elle brode les nombreuses nuits où elle n’arrive pas à dormir. Cela l’aide à payer l’essence.  Du mercredi au samedi, Justina travaille dans une discothèque latine, où elle…

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Le sourire de Martina

Traduit par Bernard Tornare La première fois qu’Arnold l’a frappée, c’était la première nuit où ils ont dormi ensemble. Martina s’est enfuie avec lui parce que sa famille voulait l’envoyer vivre chez sa tante Dominga dans la capitale, pour se débarrasser du fainéant qui lui tournait autour, comme son père appelait Arnold, «le fainéant qui n’a pas de boulot».  Sa mère, qui avait grandi en gardant les vaches et en cuisinant des gâteaux pour toute la famille et qui, lorsqu’elle s’est mariée, a exercé le même métier. Elle lui a dit qu’elle ne devrait pas se marier pas avant d’avoir obtenu un…

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Le chemin de Victorina 

Traduit par Bernard Tornare Lorsque Victorina accepte, elle est déjà juchée sur une chambre à air qui traverse les eaux du Rio Grande, les cris des autres migrants la ramènent à la raison. Quelle heure était-il ? Peut-être était-il 1 ou 2 heures du matin, mais comment savoir si le ciel était couvert, peut-être était-il vers 3 heures du matin, l’heure où les coqs chantent dans son Honduras natal. Ni le froid de l’époque, ni l’eau glacée n’ont étourdi ses sens autant que le choc de voir tant de familles terrifiées, ne sachant pas nager, essayer de traverser la rivière. Il…

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