Les heures de soleil

Traduit par Amaia Cabranes et Sabine Tinchant Benrahho             Cayetana allume la poêle et commence à chauffer le repas qu’elle mettra dans les boîtes pour midi. Il est quatre heures du matin. Elle remplit d’eau cinq bouteilles en plastique d’un litre et demi, celles qu’elle consommera pendant sa journée de travail. Dans son tupperware, elle met un paquet de tortillas[1] chaudes qu’elle a enveloppées dans du papier d’aluminium et attachées dans deux sacs en plastique. Elle vérifie que tout est là : la boîte remplie de riz, les œufs brouillés, les frijoles[2] frits et les tortillas. Elle met ses genouillères, deux pantalons, deux sweaters, sa doudoune et ses bottes type Caterpillar. Dans…

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L’écho du chant des coqs

Traduit par Amaia Cabranes et Sabine Tinchant Benrahho Elle prend son fils Yeyo, l’enveloppe dans son écharpe et l’installe sur son dos. Elle met sur la table deux vêtements de rechange, son peigne, le talc de l’enfant, un tube de crème pour le visage, une paire de chaussures aux semelles trouées – elle pense qu’elle pourra les faire réparer à son arrivée -, une enveloppe avec des photographies et quelques morceaux de tee-shirts qu’elle a transformés en couches. Sur une couverture elle met un sac avec une poignée de sel,  des pishtones[1]qu’elle a préparés le matin même et le dernier bout de fromage…

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La nostalgie d’Hilarion

Traduit par Amaia Cabranes et Sabine Tinchant Benrahho Il finit son second travail à trois heures de l’après-midi, il a travaillé de 5h à 10h le matin dans une menuiserie à couper du bois et de 11h du matin à 3h de l’après-midi, le second travail, à nettoyer des bureaux. Sur la route pour le troisième poste, où il travaille comme commis de cuisine dans un restaurant libanais, il s’arrête dans un supermarché mexicain pour envoyer son virement d’argent hebdomadaire à Saint-Sébastien, Retalhuleu, Guatemala. C’est dimanche. Là où il vit, il travaille tous les jours de la semaine. Une énorme…

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Le chemin de Victorina

Traduit par Amaia Cabranes et Sabine Tinchant Benrahho Quand elle revint à elle, elle se retrouvait hissée sur une chambre à air, traversant le Río Bravo. Les cris des autres migrants lui firent reprendre conscience. Quelle heure était-il ? Peut-être une ou deux heures du matin, comment pouvait-elle le savoir si le ciel était couvert ? Peut-être environ trois heures, c’est à ce moment de la journée que les coqs chantent dans son Honduras natal. Ni le froid de la saison ni la température de l’eau sur le point de se congeler ne parvinrent à ébranler ni les sens ni…

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Le Guatemala mortellement blessé

par Ilka Oliva Corado* Traduit de l’espagnol pour El Correo de la Diaspora par : Estelle et Carlos Debiasi Cela peut être une pandémie, une tempête, un coup de vent, une sécheresse, peu importe, tout est utilisé comme prétexte par l’État guatémaltèque pour piller et nuire davantage aux exclus. Peu importe quel gouvernement est au pouvoir, il n’y a pas de grande différence entre une marionnette et l’autre, ces voyous qui parviennent à s’asseoir dans le fauteuil n’arrivent que pour voler à pleines mains et se vanter des privilèges du pouvoir et de l’impunité. Le Guatemala est un pays mortellement…

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Pandémie de cynisme

Traduction Bernard Tornare, blog Hugo Chávez Nous ne voulons voir aucune injustice, non pas parce que cela nous fait mal, mais parce que nous nous moquons de la douleur des autres et de ce qu’ils vivent. Et si on nous croise en chemin, on change de côté, on recule ou on saute dessus comme si c’était une flaque d’eau, alors on est bon pour esquiver. Historiquement, nous avons évité la mémoire et la reconstruction du tissu social. Il n’y a pas de virus aussi fulgurant que celui du cynisme et là nous nous peignons en tant qu’humanité. Les virus vont…

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Du Guatemala à l’Illinois : les dangers d’une traversée

Reseña de mi libro de travesía en la revista Faim et Développement Roselyne de Clapier/ Faim et Développement. Des rodéos, la nuit, de policiers armés, assistés d’hélicoptères, encerclant avec 4×4 et motos des groupes de migrants ayant traversé les quatre rangées de barbelés des frontières mexicaine et américaine. Cela se passe en 2003, au milieu du désert de Sonora. Ces patrouilles anti-sanspapiers violent les femmes, avant de tirer sur elles, mais aussi sur les hommes et les enfants ; abandonnent les blessés à une mort certaine et repartent à l’assaut d’autres groupes. C’est l’épisode le plus effrayant du témoignage de…

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