Une journée ensoleillée

Traduit par Amaia Cabranes et Sabine Tinchant Benrahho Begoña s’enveloppe dans une couverture qu’elle prend sur le fauteuil du salon et descend les marches de l’immeuble, elle habite au troisième étage. Elle démarre la voiture et retourne à son appartement. Elle met quatre cuillères de café dans la cafetière et deux tasses d’eau. Le temps que le café soit prêt, elle prend une douche froide pour finir de se réveiller. La montre indique qu’il est trois heures et quart du matin. C’est un samedi de début du printemps, on l’attend à quatre heures pile au restaurant.              Elle attache ses cheveux…

Continuar leyendo…

Le travail de Silvestre

Traduit par Amaia Cabranes et Sabine Tinchant Benrahho Il allume la machine à couper le gazon. Silvestre a l’impression d’être sur un tracteur parce qu’il s’agit d’une tondeuse industrielle. De sa vie, il n’était jamais monté sur une machine comme celle-là, mais aux Etats-Unis il a dû faire des boulots qui n’avaient rien à voir avec le métier de maître boulanger qu’il exerçait dans son Nayarit natal. Il travaille comme jardinier. Il manie une machine industrielle parce qu’il a vingt ans d’expérience. Les nouveaux arrivés doivent soit balayer l’herbe coupée avec des souffleurs portés sur le dos soit couper la pelouse…

Continuar leyendo…

Les heures de soleil

Traduit par Amaia Cabranes et Sabine Tinchant Benrahho             Cayetana allume la poêle et commence à chauffer le repas qu’elle mettra dans les boîtes pour midi. Il est quatre heures du matin. Elle remplit d’eau cinq bouteilles en plastique d’un litre et demi, celles qu’elle consommera pendant sa journée de travail. Dans son tupperware, elle met un paquet de tortillas[1] chaudes qu’elle a enveloppées dans du papier d’aluminium et attachées dans deux sacs en plastique. Elle vérifie que tout est là : la boîte remplie de riz, les œufs brouillés, les frijoles[2] frits et les tortillas. Elle met ses genouillères, deux pantalons, deux sweaters, sa doudoune et ses bottes type Caterpillar. Dans…

Continuar leyendo…

L’écho du chant des coqs

Traduit par Amaia Cabranes et Sabine Tinchant Benrahho Elle prend son fils Yeyo, l’enveloppe dans son écharpe et l’installe sur son dos. Elle met sur la table deux vêtements de rechange, son peigne, le talc de l’enfant, un tube de crème pour le visage, une paire de chaussures aux semelles trouées – elle pense qu’elle pourra les faire réparer à son arrivée -, une enveloppe avec des photographies et quelques morceaux de tee-shirts qu’elle a transformés en couches. Sur une couverture elle met un sac avec une poignée de sel,  des pishtones[1]qu’elle a préparés le matin même et le dernier bout de fromage…

Continuar leyendo…

La nostalgie d’Hilarion

Traduit par Amaia Cabranes et Sabine Tinchant Benrahho Il finit son second travail à trois heures de l’après-midi, il a travaillé de 5h à 10h le matin dans une menuiserie à couper du bois et de 11h du matin à 3h de l’après-midi, le second travail, à nettoyer des bureaux. Sur la route pour le troisième poste, où il travaille comme commis de cuisine dans un restaurant libanais, il s’arrête dans un supermarché mexicain pour envoyer son virement d’argent hebdomadaire à Saint-Sébastien, Retalhuleu, Guatemala. C’est dimanche. Là où il vit, il travaille tous les jours de la semaine. Une énorme…

Continuar leyendo…

Le chemin de Victorina

Traduit par Amaia Cabranes et Sabine Tinchant Benrahho Quand elle revint à elle, elle se retrouvait hissée sur une chambre à air, traversant le Río Bravo. Les cris des autres migrants lui firent reprendre conscience. Quelle heure était-il ? Peut-être une ou deux heures du matin, comment pouvait-elle le savoir si le ciel était couvert ? Peut-être environ trois heures, c’est à ce moment de la journée que les coqs chantent dans son Honduras natal. Ni le froid de la saison ni la température de l’eau sur le point de se congeler ne parvinrent à ébranler ni les sens ni…

Continuar leyendo…

Le Guatemala mortellement blessé

par Ilka Oliva Corado* Traduit de l’espagnol pour El Correo de la Diaspora par : Estelle et Carlos Debiasi Cela peut être une pandémie, une tempête, un coup de vent, une sécheresse, peu importe, tout est utilisé comme prétexte par l’État guatémaltèque pour piller et nuire davantage aux exclus. Peu importe quel gouvernement est au pouvoir, il n’y a pas de grande différence entre une marionnette et l’autre, ces voyous qui parviennent à s’asseoir dans le fauteuil n’arrivent que pour voler à pleines mains et se vanter des privilèges du pouvoir et de l’impunité. Le Guatemala est un pays mortellement…

Continuar leyendo…