Au petit matin sur le verglas

Traduit par Bernard Tornare Ce jour-là, elle a nettoyé deux maisons. La dernière a pris plus de temps que d’habitude parce que ses employeurs iraniens fêtaient Noël, un Noël retardé qu’ils célèbrent le 7 janvier dans le calendrier julien, comme le lui a expliqué la propriétaire de la maison à de nombreuses reprises lorsque, au milieu de la vaisselle, elle est apparue pour lui raconter des histoires sur son pays et ses ancêtres. Tomasina la laisse toujours parler sans cesser de passer la serpillière, elle comprend à peine l’anglais.  Lorsqu’elle est arrivée, elle a trouvé la maison sens dessus dessous. Bien…

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De moins en moins

Traduit par Bernard Tornare Ce texte fait partie de la série Las insurrectas (Les insurgés). Les seules fois où Caya de nía Chenta entendait le bruit des sabots des chevaux sur les pavés, c’était la nuit, lorsqu’elle tenait compagnie à la dame de la pharmacie ; lorsque ses enfants partaient en voyage à la capitale, elle demandait à nía Chenta de lui prêter la maison pour pouvoir dormir avec elle pendant leur retour. C’est ainsi que Caya entendit le bruit de l’eau potable qui coulait dans les tuyaux en PVC, et dans cette maison, elle vit aussi pour la première fois…

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Une carambole fraîche

Traduit par Bernard Tornare Les premières années, Filomena écrivait en espagnol dans un carnet et utilisait un traducteur anglais-espagnol pour rédiger la liste des courses, toutes pour de la nourriture casher. Dans sa ville natale de Sibaná, El Asintal, Retalhuleu, au Guatemala, elle n’avait jamais entendu parler de la religion juive. Et encore moins de la nourriture casher. C’est à Chicago, lors de son premier emploi, qu’elle a découvert ce monde étrange constitué d’aliments et de rituels.  Au début, on aurait dit des trucs de gringos, comme les évangélistes avec leurs haut-parleurs qui diffusent dans son village les dimanches de culte et…

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Un brin de menthe

Traduit par Bernard Tornare À onze heures et trente du matin, Jacinta sentit l’odeur de la menthe fraîche après la pluie et celle des brins de coriandre fraîchement coupés, enveloppés dans une omelette fraîchement sortie du comal. La sensation du jus de tomate coulant sur les coins des lèvres lui fit encore plus regretter sa natale Olopa, Chiquimula au Guatemala, ainsi que les années de son enfance où la famille était réunie. C’est une journée chaude de début mai, chose rare, car l’été arrive en juin avec sa canicule et ses pluies torrentielles. La chaleur lui fait remonter le temps et…

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Du lever au coucher du soleil

Traduit par Bernard Tornare Francisco a la chance de travailler du lundi au dimanche, quel que soit le temps. C’est ce qu’il dit à sa mère dans sa ville natale de Morazán, au Salvador, chaque fois qu’il l’appelle au téléphone. Le travail est dur, mais il n’est pas si différent d’une journée passée dans les champs de son pays natal, où il a grandi en labourant la terre avec un attelage de bœufs. Lorsqu’on lui a dit de partir pour le Nord, il n’y a pas réfléchi à deux fois. Cela fait trente ans maintenant. Il a quitté les collines…

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Une journée ensoleillée

Traduit par Amaia Cabranes et Sabine Tinchant Benrahho Begoña s’enveloppe dans une couverture qu’elle prend sur le fauteuil du salon et descend les marches de l’immeuble, elle habite au troisième étage. Elle démarre la voiture et retourne à son appartement. Elle met quatre cuillères de café dans la cafetière et deux tasses d’eau. Le temps que le café soit prêt, elle prend une douche froide pour finir de se réveiller. La montre indique qu’il est trois heures et quart du matin. C’est un samedi de début du printemps, on l’attend à quatre heures pile au restaurant.              Elle attache ses cheveux…

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Le travail de Silvestre

Traduit par Amaia Cabranes et Sabine Tinchant Benrahho Il allume la machine à couper le gazon. Silvestre a l’impression d’être sur un tracteur parce qu’il s’agit d’une tondeuse industrielle. De sa vie, il n’était jamais monté sur une machine comme celle-là, mais aux Etats-Unis il a dû faire des boulots qui n’avaient rien à voir avec le métier de maître boulanger qu’il exerçait dans son Nayarit natal. Il travaille comme jardinier. Il manie une machine industrielle parce qu’il a vingt ans d’expérience. Les nouveaux arrivés doivent soit balayer l’herbe coupée avec des souffleurs portés sur le dos soit couper la pelouse…

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