La soupe de cresson

Traduit par Bernard Tornare Elle sort du supermarché avec son sac rempli de légumes. Elle a acheté une botte de cresson pour en faire un bouillon, son ami Joaquín lui ayant dit que pour les jours froids du long hiver américain, le bouillon de cresson était ce qu’il y avait de mieux. Maria n’a goûté le cresson que dans des salades et dans les galettes de viande, auxquelles elle ajoute parfois de la bette à carde et d’autres fois du cresson, bien que dernièrement elle les mélange aussi avec du tofu. D’une main, elle tient une livre de raisins qu’elle déguste…

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Mélasse de grenade

Traduit par Bernard Tornare Cecilio se réveille, regarde l’horloge, il est quatre heures vingt-deux du matin. Il étreint les draps et s’étire dans le lit, se lève et met l’eau à bouillir pour le café. Il se brosse les dents et pendant que l’eau bout, il se penche à la fenêtre. De l’autre côté, une obscurité épaisse qui laissera bientôt place à l’aube lui rappelle que ce sont les derniers jours de l’été. Bientôt, il devra ranger les vêtements d’été et commencer à aérer ceux d’hiver qu’il rangera dans des sacs en plastique à la fin de la saison. Pour éviter qu’ils…

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Une journée tranquille

Traduit par Bernard Tornare Elle s’assoit pour se reposer un moment, elle a été debout pendant dix heures avec deux pauses de dix minutes pour aller aux toilettes et une demi-heure pour déjeuner. Le climat de novembre est très froid à New York. Ce sont des jours où il faut porter trois couches de vêtements, des gants épais, deux paires de chaussettes et des bottes de travail. Nemesia porte toujours un bonnet et un chapeau pour se protéger du froid et du soleil. Le foulard qui lui couvre le visage est utilisé toute l’année, il l’aide un peu à prévenir les…

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Les yeux du cœur

Traduit par Bernard Tornare Elle prend le balai et le manche de la ramassoire et commence à chercher des déchets à ramasser. Le troisième jour de travail vient de commencer et Milagros s’endort, épuisée de sommeil. Elle s’est maquillée avec des tonnes de poudre, s’est baignée dans une lotion parfumée. Elle a à peine réussi à enfiler sa tenue serrée autour des hanches. Elle porte des bottes à talons moyens, bien qu’elles ne soient pas nécessaires pour l’uniforme de travail, mais elle veut paraître un peu plus grande. Le mois dernier, elle a mis des faux cils et s’est teint les…

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Les jours de pluie

Traduit par Bernard Tornare Au journal télévisé, on annonce de la pluie pour toute la journée. Román éteint la télévision et essaie de dormir. Il a mal aux genoux et aux mains, la journée de demain sera longue, fatigante et humide. Son travail d’homme à tout faire au supermarché coréen l’épuise vraiment. Entre pousser les chariots que les clients laissent traîner sur le parking, balayer et laver le sol, nettoyer les toilettes, ramasser les déchets de la cafétéria, de la charcuterie, de la poissonnerie, de la boucherie. Mais aussi vider les poubelles intérieures et extérieures destinées aux clients. Roman est déjà…

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Les grosses têtes

Traduit par Bernard Tornare Pendant vingt-sept ans, Sabina a envoyé des colis remplis de vêtements et de cadeaux à ses quatre enfants au Guatemala. En tant que sans-papiers, ses vertèbres se sont abîmées à force de nettoyer les baignoires et les toilettes. Ses mains se fissuraient à cause de l’eau de Javel et des produits chimiques. Partageant un appartement avec sept autres personnes, Sabina effectuait trois emplois par jour. Elle nettoyait les toilettes de restaurants, d’immeubles de bureaux, de centres commerciaux et de maisons particulières. Elle savait à quel point les gens étaient sales à l’intérieur et à l’extérieur de leur…

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L’encens qui brûle

Traduit par Bernard Tornare Disiderio allume une bougie sur l’autel du salon de sa maison de Colorado, après avoir nettoyé les toilettes publiques dans les parcs du quartier. C’est la fin de l’année qui s’est écoulée depuis la mort de sa mère Modesta, la seule survivante de sa famille massacrée par l’armée guatémaltèque pendant la dictature militaire.  Ses parents leur ont raconté qu’avec d’autres familles, ils s’étaient enfoncés dans la jungle pendant des mois pour éviter d’être tués, et que de ces jours de persécution, de faim, de froid et d’angoisse, ils se souvenaient des sépultures faites au pied des arbres,…

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