Une journée tranquille

Traduit par Bernard Tornare Elle s’assoit pour se reposer un moment, elle a été debout pendant dix heures avec deux pauses de dix minutes pour aller aux toilettes et une demi-heure pour déjeuner. Le climat de novembre est très froid à New York. Ce sont des jours où il faut porter trois couches de vêtements, des gants épais, deux paires de chaussettes et des bottes de travail. Nemesia porte toujours un bonnet et un chapeau pour se protéger du froid et du soleil. Le foulard qui lui couvre le visage est utilisé toute l’année, il l’aide un peu à prévenir les…

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Les yeux du cœur

Traduit par Bernard Tornare Elle prend le balai et le manche de la ramassoire et commence à chercher des déchets à ramasser. Le troisième jour de travail vient de commencer et Milagros s’endort, épuisée de sommeil. Elle s’est maquillée avec des tonnes de poudre, s’est baignée dans une lotion parfumée. Elle a à peine réussi à enfiler sa tenue serrée autour des hanches. Elle porte des bottes à talons moyens, bien qu’elles ne soient pas nécessaires pour l’uniforme de travail, mais elle veut paraître un peu plus grande. Le mois dernier, elle a mis des faux cils et s’est teint les…

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Les jours de pluie

Traduit par Bernard Tornare Au journal télévisé, on annonce de la pluie pour toute la journée. Román éteint la télévision et essaie de dormir. Il a mal aux genoux et aux mains, la journée de demain sera longue, fatigante et humide. Son travail d’homme à tout faire au supermarché coréen l’épuise vraiment. Entre pousser les chariots que les clients laissent traîner sur le parking, balayer et laver le sol, nettoyer les toilettes, ramasser les déchets de la cafétéria, de la charcuterie, de la poissonnerie, de la boucherie. Mais aussi vider les poubelles intérieures et extérieures destinées aux clients. Roman est déjà…

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Les grosses têtes

Traduit par Bernard Tornare Pendant vingt-sept ans, Sabina a envoyé des colis remplis de vêtements et de cadeaux à ses quatre enfants au Guatemala. En tant que sans-papiers, ses vertèbres se sont abîmées à force de nettoyer les baignoires et les toilettes. Ses mains se fissuraient à cause de l’eau de Javel et des produits chimiques. Partageant un appartement avec sept autres personnes, Sabina effectuait trois emplois par jour. Elle nettoyait les toilettes de restaurants, d’immeubles de bureaux, de centres commerciaux et de maisons particulières. Elle savait à quel point les gens étaient sales à l’intérieur et à l’extérieur de leur…

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L’encens qui brûle

Traduit par Bernard Tornare Disiderio allume une bougie sur l’autel du salon de sa maison de Colorado, après avoir nettoyé les toilettes publiques dans les parcs du quartier. C’est la fin de l’année qui s’est écoulée depuis la mort de sa mère Modesta, la seule survivante de sa famille massacrée par l’armée guatémaltèque pendant la dictature militaire.  Ses parents leur ont raconté qu’avec d’autres familles, ils s’étaient enfoncés dans la jungle pendant des mois pour éviter d’être tués, et que de ces jours de persécution, de faim, de froid et d’angoisse, ils se souvenaient des sépultures faites au pied des arbres,…

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Les épis qui sèchent au soleil

Traduit par Bernard Tornare Chaque fois qu’il le peut, Perfecto raconte à ceux qu’il rencontre sur son chemin qu’il a sa famille aux États-Unis depuis des années et qu’il a arrangé les papiers de tous ses enfants, que même ses petits-enfants sont nés dans « El Norte ». Mais la vérité est différente, la réalité de Perfecto est celle de milliers d’immigrés sans papiers. Il a honte de dire qu’il n’a pas de papiers et la peur de l’expulsion le pousse à mentir constamment sur sa vie dans le pays. Il a émigré il y a plus de trente ans, encore à l’adolescence.…

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L’écorce de pin 

Traduit par Bernard Tornare Valerio travaille depuis trente-sept ans dans les champs de Californie, il connaît le raisin, les prunes, les fraises, les mangues, la coriandre, le radis et le céleri comme sa poche. Il a le corps et l’âme brisés, comme la plupart des sans-papiers du pays.  C’est un Tarahumara, originaire de Chihuahua, au Mexique, mais il se reconnaît toujours comme étant Rarámuri. À l’époque où il a émigré, l’exploitation forestière illégale commençait déjà dans la Sierra Tarahumara et la culture de la marijuana et du pavot se développait, envahissant une grande partie de la Sierra Madre Occidental entre Chihuahua,…

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