L’écho du chant des coqs 

Traduit par Bernard Tornare

Elle prend son fils Yeyo, l’enveloppe dans le châle et le met sur son dos. Sur la table, elle pose deux vêtements de rechange, son peigne, le talc de l’enfant, un pot de crème pour le visage, une paire de chaussures aux semelles cassées – qu’elle pense pouvoir faire réparer à son arrivée -, une enveloppe avec des photos et des morceaux de T-shirts qu’elle a transformés en couches. Sur une couverture, elle dépose un sac contenant une poignée de sel, des pommes de terre grillées le matin et le dernier morceau de fromage qu’il lui reste. Une tête d’ail, deux citrons et quelques feuilles de menthe au cas où elle aurait le mal des transports.  Elle remplit d’eau un récipient en plastique d’un demi-litre, place le tout sur la nappe et l’attache à une corde qu’elle suspend à son épaule. De l’autre, elle suspend Papayo – le chien qu’elle a sauvé de la décharge à l’âge de quelques jours – dans un sac.  

Elle cadenasse la porte et sort sans se retourner. 

Maura la rattrape, essoufflée par la course, la serre dans ses bras et lui tend un sac de sirouelle rouge de février, quelques mangues tendres et cent quetzales, toutes ses économies, pour l’aider à payer le voyage. Elle lui dit en la serrant dans ses bras, le visage en larmes, qu’elles sont amies pour la vie. Isaura lui confie sa petite maison d’adobe, ses buissons de coriandre et le tamarin qui a réussi à s’y coller. Il est quatre heures du matin, elle monte dans le bus, elle quitte sa ville natale de Teculután, Zacapa, les échos du chant des coqs et l’odeur du lait fraîchement trait. Elle ne le sait pas, mais elle ne reviendra jamais. Celui qui reviendra c’est Yeyo, dans trente ans, pour déposer ses cendres dans le cimetière à côté des restes de ses grands-parents et pour s’occuper de la petite maison d’adobe, des buissons de coriandre et se reposer à l’ombre du tamarinier à côté des petits-enfants de Papayo.

Si vous allez partager ce texte sur un autre portail ou réseau social, veuillez inclure l’URL de la source d’information : https://cronicasdeunainquilina.com

Ilka Oliva-Corado @ilkaolivacorado

Deja un comentario

Este sitio usa Akismet para reducir el spam. Aprende cómo se procesan los datos de tus comentarios.