L’écho du chant des coqs 

Traduit par Bernard Tornare Elle prend son fils Yeyo, l’enveloppe dans le châle et le met sur son dos. Sur la table, elle pose deux vêtements de rechange, son peigne, le talc de l’enfant, un pot de crème pour le visage, une paire de chaussures aux semelles cassées – qu’elle pense pouvoir faire réparer à son arrivée -, une enveloppe avec des photos et des morceaux de T-shirts qu’elle a transformés en couches. Sur une couverture, elle dépose un sac contenant une poignée de sel, des pommes de terre grillées le matin et le dernier morceau de fromage qu’il lui reste.…

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La gorgée du nouveau jour

Traduit par Bernard Tornare Justina nettoie des chambres d’hôtel, vingt-deux par jour, parfois vingt-cinq en fonction de l’absence d’une collègue. Son service commence à cinq heures du matin et se termine à sept heures du soir, soit quatorze heures au total et ceci du lundi au vendredi. Le samedi et le dimanche, elle loue un espace d’un mètre carré dans un supermarché mexicain pour vingt-cinq dollars par jour, où elle vend des couvertures qu’elle brode les nombreuses nuits où elle n’arrive pas à dormir. Cela l’aide à payer l’essence.  Du mercredi au samedi, Justina travaille dans une discothèque latine, où elle…

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Le sourire de Martina

Traduit par Bernard Tornare La première fois qu’Arnold l’a frappée, c’était la première nuit où ils ont dormi ensemble. Martina s’est enfuie avec lui parce que sa famille voulait l’envoyer vivre chez sa tante Dominga dans la capitale, pour se débarrasser du fainéant qui lui tournait autour, comme son père appelait Arnold, «le fainéant qui n’a pas de boulot».  Sa mère, qui avait grandi en gardant les vaches et en cuisinant des gâteaux pour toute la famille et qui, lorsqu’elle s’est mariée, a exercé le même métier. Elle lui a dit qu’elle ne devrait pas se marier pas avant d’avoir obtenu un…

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Le chemin de Victorina 

Traduit par Bernard Tornare Lorsque Victorina accepte, elle est déjà juchée sur une chambre à air qui traverse les eaux du Rio Grande, les cris des autres migrants la ramènent à la raison. Quelle heure était-il ? Peut-être était-il 1 ou 2 heures du matin, mais comment savoir si le ciel était couvert, peut-être était-il vers 3 heures du matin, l’heure où les coqs chantent dans son Honduras natal. Ni le froid de l’époque, ni l’eau glacée n’ont étourdi ses sens autant que le choc de voir tant de familles terrifiées, ne sachant pas nager, essayer de traverser la rivière. Il…

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Au petit matin sur le verglas

Traduit par Bernard Tornare Ce jour-là, elle a nettoyé deux maisons. La dernière a pris plus de temps que d’habitude parce que ses employeurs iraniens fêtaient Noël, un Noël retardé qu’ils célèbrent le 7 janvier dans le calendrier julien, comme le lui a expliqué la propriétaire de la maison à de nombreuses reprises lorsque, au milieu de la vaisselle, elle est apparue pour lui raconter des histoires sur son pays et ses ancêtres. Tomasina la laisse toujours parler sans cesser de passer la serpillière, elle comprend à peine l’anglais.  Lorsqu’elle est arrivée, elle a trouvé la maison sens dessus dessous. Bien…

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