Le jour où je m’enfuirai

Traduit par Bernard Tornare Il ne lui reste plus qu’à lacer ses chaussures de sport et elle sera prête, avec son uniforme bien repassé et ses cheveux soigneusement attachés, Soledad s’apprête à entamer sa troisième journée de travail. Elle jette un coup d’œil par la porte de la cuisine et voit la salle bondée, elle estime qu’il y a au moins cinq cents personnes à accueillir pour seulement six serveurs, trois femmes et trois hommes. Le matin, elle travaille en tant que couturière dans une blanchisserie. Les retouches qu’elle effectue remplissent les poches du propriétaire de l’entreprise, mais elle ne reçoit…

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Le dîner

Traduit par Bernard Tornare Fidelio s’arrête et se repose à côté de son chariot de crème glacée. La plante de ses pieds est couverte de cloques et ses chaussures n’ont presque plus de semelles. Il a parcouru une grande partie de la ville depuis sept heures du matin et la nuit va bientôt tomber. Ce n’a pas été une bonne journée, il n’a pas réussi à vendre même le tiers de sa marchandise, c’est comme ça pour les jours où l’automne commence et que le temps change soudainement. Il n’a jamais imaginé que le nord serait comme ça, poussant un chariot…

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La valeur des envois de fonds

Traduit par Bernard Tornare C’est à New York qu’il a découvert le saumon, cuit sur des plateaux dans le rayon frais des supermarchés. Douze dollars pour une demi-livre. Douze dollars… il s’est demandé ce qu’il pouvait faire avec douze dollars dans son village natal de Todos Santos Cuchumatán, Huehuetenango, au Guatemala. Sans aucun doute nourrir sa famille pendant au moins trois jours. À Todos Santos Cuchumatán, Clementino a travaillé depuis l’adolescence au cimetière, d’abord comme aide de son oncle où il a appris à bricoler ici et là : des jours comme fossoyeur, d’autres comme maçon, des fois des journées de…

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Le retour de Yeyo et les petits-enfants de Papayo

Traduit par Bernard Tornare Yeyo a grandi en voyant le dos de son père se briser à force de porter des régimes de bananes douces sur ses épaules pendant les journées infernales de la région tropicale du Chiapas. Il voit aussi les bras enflammés de sa mère à force d’écraser des pommes de terre afin de préparer des dobladas de papa pour les vendre à l’extérieur de l’exploitation agricole. Ouvriers de mille métiers, ils ont jonglé pour survivre en tant que sans-papiers à Tapachula, au Mexique ; toujours dans des emplois précaires, mal payés et sans avantages sociaux, ils ont parcouru…

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La prune

Traduit par Bernard Tornare Guillermina laisse les sacs du supermarché sur la table et sort avec empressement une prune, la lave et en prend une bouchée, le jus coulant des commissures de ses lèvres. Elle ferme les yeux et savoure lentement sa douceur en remerciant les mains qui ont pris soin d’elle depuis que la graine de l’arbre a été plantée. Depuis son enfance, ses grands-parents paysans lui ont appris à être reconnaissante du travail accompli par ceux qui cultivent la terre.  Originaire de Parramos, Chimaltenango, au Guatemala, elle ne parlait, à son arrivée aux États-Unis, que sa langue maternelle, le…

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La blessure de l’absence

Traduit par Bernard Tornare Il se lève, prépare son café et ouvre la petite fenêtre de sa chambre. Tout à coup, l’air froid de l’automne entre et lui glace les os. Il n’aurait jamais pensé qu’octobre puisse être si froid, alors que sa ville natale de Cabañas, Zacapa au Guatemala est une fournaise toute l’année. Lindomar ressent constamment la nostalgie de sa terre et de sa famille, à peine un an après son arrivée aux États-Unis, la blessure est encore fraîche. Il a pleuré pour eux tous les jours et toutes les nuits, il n’aurait jamais imaginé que quelqu’un puisse pleurer…

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Une journée ensoleillée

Traduit par Bernard Tornare Begoña s’enveloppe dans une couverture qu’elle prend sur le canapé du salon et descend les marches de l’immeuble où elle habite au troisième étage.  Elle fait démarrer la voiture pour la chauffer et rentre dans son appartement, verse quatre cuillères de café et deux tasses d’eau dans la cafetière. Dès que le café est prêt, elle va prendre un bain froid pour se réveiller, l’horloge sonne trois heures et quart du matin. Nous sommes samedi, c’est le début du printemps et le traiteur l’attend à la cuisine pour quatre heures.   Elle fait une queue de cheval avec ses cheveux…

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