Reseña de mi libro de travesía en: Le Monde diplomatique
Ilka Oliva Corado a émigré clandestinement aux États-Unis en provenance du Guatemala, en 2003. Pour elle comme pour ses compagnons de fortune, la traversée à pied du désert frontalier s’est révélée un cauchemar : les hôtels de migrants dans des villes abandonnées, les extorsions des cartels, de la police, les lumières des projecteurs, les tireurs embusqués, les chasses à l’homme, les haut-parleurs juchés sur des pick-up, les fourgons à chiens, les morgues pour clandestins, la peau qui se déchire contre les barbelés… Même pour un public averti, ce récit à la première personne surprend. Quand on migre, il faut aller vite, et chaque douleur est finalement vite effacée devant l’urgence d’affronter la suivante. L’auteure nous fait vivre cette expérience de l’obstination et de la résilience étape par étape et au rythme où elle les a vécues. La souffrance et l’effroi s’installeront dans le silence qui suivra cet itinéraire. « La frontière est une voleuse, qui dessèche peu à peu l’âme. » Ce n’est que dix ans plus tard qu’elle transforme son épreuve en ce récit puissant et sa douleur en un acte de résistance.
Grégory Lassalle
Éditions Nzoi, Kinshasa, 2017,114 pages, 9 euros.