Le travail de Silvestre 

Traduit par Bernard Tornare

Il met en marche la machine pour couper le gazon. Silvestre a l’impression d’être sur un tracteur parce que c’est une tondeuse industrielle. Il n’a jamais été sur une machine comme celle-là, mais aux États-Unis il a dû faire des travaux qui n’ont rien à voir avec son travail de maître boulanger dans son Nayarit natal.  Il travaille comme jardinier, il est responsable d’une machine industrielle en raison de ses 20 ans d’expérience. Les nouveaux sont chargés de souffler le gazon coupé avec des machines accrochées à leurs épaules et de tondre le gazon avec des machines manuelles. Tous finissent par sentir le pétrole à la fin de la journée, car certaines de ces machines ont besoin d’essence et d’autres de diesel. 

Silvestre met ses lunettes pour se protéger les yeux de tout objet qui pourrait voler dans l’air, souvent ce sont des éclats de branches qui se cachent dans l’herbe et la machine en fait une sorte de pozole. Là où il vit, lorsqu’ils coupent les arbres, ils les broient pour en faire une espèce de sciure qu’ils versent au pied des plantes et, à la stupéfaction de Silvestre, ils vont jusqu’à la peindre de différentes couleurs. Dans son village natal, les villageois s’excusent auprès de l’arbre qu’ils vont abattre et lui disent qu’ils en ont besoin pour faire du bois de chauffage, mais ils en plantent toujours un autre petit pour que la forêt ne s’éteigne pas. 

Silvestre travaille de longues journées qui, en été, sont interminables et il finit par souffrir d’insolation, de maux de dos et de coups de soleil, malgré le port de manches longues et la quantité de crème solaire qu’il s’applique.  Au printemps et en automne, il doit faire face au froid, à la pluie verglaçante qui tombe comme des grêlons et aux chutes de neige qui apparaissent soudainement. Il travaille du lundi au dimanche, il commence avant le lever du soleil et finit quand le soleil est déjà couché. Mais tous les soirs sans faute, il appelle sa femme et ses enfants qui sont à Nayarit. Il prévoit de revenir le jour où il aura terminé la construction de sa maison et économisé pour créer une entreprise. 

Il met ses gants, c’est un jour de pluie à la «chipi chipi», il met un double pull et une veste imperméable. Il commence à couper l’herbe, de son Nayarit chaud s’échappe le parfum des fruits de Nance mûres et des mangues qui tombent l’une après l’autre sur le sol. C’est le premier mai, la Journée internationale des travailleurs.

Si vous allez partager ce texte sur un autre portail ou réseau social, veuillez inclure l’URL de la source d’information : https://cronicasdeunainquilina.com

Ilka Oliva-Corado @ilkaolivacorado

Deja un comentario

Este sitio usa Akismet para reducir el spam. Aprende cómo se procesan los datos de tus comentarios.